Conseil - En matière de colostrum, le temps passe vite
Les exploitations à problèmes devraient vérifier le timing de l’abreuvement et la qualité du lait.
Jutta Berger, Collaboratrice scientifique
Diarrhée, grippe bovine, inflammation de l’ombilic – les veaux malades coûtent du temps, de l’argent et de l’énergie. Les exploitations ayant des problèmes avec les veaux ont donc besoin de solutions urgentes. «J’ai compris que la clé d’un meilleur élevage des veaux réside aussi dans le colostrum après la naissance», déclare le chef d’exploitation Res lors d’un entretien, «mais à mon avis, il ne s’agit pas uniquement de donner le plus de colostrum possible. C’est ce que nous faisons. Malgré tout, la situation est catastrophique. Il doit y avoir d’autres facteurs», Res est en plein doute.
Les protéines totales sériques montrent l’approvisionnement
Les experts recommandent aux exploitations à problèmes qui recherchent les erreurs de commencer par vérifier objectivement l’approvisionnement en colostrum des veaux en analysant le taux de protéines totales dans le sérum sanguin. Cette valeur indique la quantité d’immunoglobulines (IgG), composées de protéines, qui sont effectivement passées du colostrum au sang du veau. Pour obtenir de bons résultats, il faut prélever des échantillons sur le plus grand nombre possible de veaux au cours des dix premiers jours de leur vie. Ce n’est que si au moins 75% des veaux ont un taux de protéines totales supérieur à 55 g/l que la gestion du colostrum dans l’exploitation est satisfaisante. Pour un autocontrôle de routine, cette analyse est recommandée une fois par an.
Chez les veaux de Res, les valeurs étaient déficientes. «Sur quels leviers pourrions-nous agir?» demande-t-il. La réponse semble simple: la qualité du colostrum est décisive et le timing de l’abreuvement dans l’exploitation y est étroitement lié.
Influences extérieures avant le vêlage
La période précédant le vêlage détermine déjà la composition du colostrum: plus une vache est restée longtemps dans le troupeau, plus les IgG de son colostrum sont adaptées au spectre de germes de son étable. C’est pourquoi il convient de mettre à l’étable les animaux achetés ou qui sont allés à l’alpage au moins trois semaines avant le vêlage. Ce n’est qu’alors que les IgG protègent le veau contre les agents pathogènes présents. En été, le stress dû à la chaleur réduit le taux d’IgG dans la première traite. Il est prouvé que c’est en automne et en hiver que les vaches produisent le moins de colostrum. «Cela correspond parfaitement à notre vêlage saisonnier», ironise Res. Toutes les mesures visant à assurer une consommation maximale de fourrage avant le vêlage sont donc d’autant plus importantes. On peut ainsi augmenter la quantité de colostrum et sa teneur en IgG.
Le plus tôt sera le mieux
Immédiatement après le vêlage, le colostrum est le plus concentré, sa teneur en IgG par litre est la plus élevée. Plus Res attend avant de traire, plus la vache donne du lait, mais moins celui-ci est concentré en IgG. Si, par exemple, il faut attendre une demi-journée parce que le veau est né peu après une période de travail à l’étable et que Res ne peut ou ne veut pas traire la vache en dehors des heures normales, le colostrum est significativement moins concentré en IgG – et même plus tôt pour les vaches à haute performance. Il est donc décisif que la première traite ait lieu le plus tôt possible. «Mais cela implique toujours une charge de travail supplémentaire en dehors des heures principales de travail à l’étable», fait remarquer Res. Mais cela lui permettra peut-être de gagner du temps pour soigner les veaux malades?
Veaux abandonnés à eux-mêmes
Les veaux qui naissent pendant la nuit ou pendant les pics de travail présentent un risque particulier de mauvais approvisionnement en colostrum dans toutes les exploitations. Si Res a beaucoup de veaux issus de vêlages non surveillés, ils pourraient en effet être à l’origine des problèmes au niveau de l’exploitation. Il est probable qu’ils boivent mieux juste après leur naissance que plusieurs heures plus tard. En particulier, les animaux dont le pelage reste humide par temps froid et qui se trouvent ainsi en hypothermie boivent mal plus tard. Si Res les frottait pour les sécher ou les plaçait sous une lampe chauffante en hiver, il pourrait améliorer ce point.
Anticorps absorbés
En règle générale, un veau devrait boire au moins 10% de son poids corporel au cours des quatre premières heures de sa vie – le minimum absolu étant de deux litres. Toutefois, ce n’est pas la quantité elle-même qui est déterminante, mais la quantité d’IgG ingérée. C’est là que Res commet une erreur de raisonnement: le veau doit boire une plus grande quantité d’un colostrum moins concentré en IgG pour être bien approvisionné. Plus Res met de temps, plus cela devient difficile. En effet, pendant cette période, la paroi intestinale du veau devient moins perméable et, dès la sixième heure de vie, il ne peut plus absorber que 75% des IgG. «Plus j’interviens tôt, mieux c’est pour la qualité du colostrum et aussi pour sa valorisation», reconnaît Res. Comme il rencontre des problèmes dans l’exploitation, il devrait absolument abreuver le veau avec un seau ou un biberon et non le laisser sous la vache. Il aura ainsi un meilleur contrôle de la quantité de lait ingérée. Cela vaut aussi pour les veaux de vaches allaitantes.
Mesurer la densité
La densité du colostrum est une indication de sa concentration en IgG. Res peut la déterminer directement à l’aide d’un réfractomètre (voir photo) ou d’un entonnoir avec lequel il mesure le débit et peut en déduire la densité du colostrum. Celle-ci est exprimée en % Brix.
Abreuver de préférence le meilleur lait
Plus le colostrum est dense, plus il contient d’IgG. Si Res voit naître plusieurs veaux le même jour, il devrait utiliser de préférence le colostrum de la meilleure qualité pour le premier repas de tous les nouveau-nés (voir conseil pratique) ou en enrichir un colostrum moins concentré. Il peut ainsi améliorer la santé des veaux avec un peu d’effort de mesure. «Les exploitations qui ont des vêlages saisonniers ont un avantage», résume Res, «celles qui n’ont que peu de veaux à la fois doivent utiliser le colostrum que la mère donne.» Dans de tels cas, les aliments complémentaires contenant des IgG lyophilisées et que l’on mélange à un colostrum moins concentré peuvent offrir une solution (enrichisseur de colostrum).
Faire des réserves
Un colostrum de qualité est précieux. On ne le jette jamais! S’il reste du lait avec une teneur en IgG particulièrement élevée (> 27% Brix), Res devrait le congeler par petites quantités. Il a besoin de telles réserves, par exemple pour les veaux de vaches qui ont une mammite ou lorsque les primipares retiennent le colostrum parce qu’elles ne sont pas habituées à la traite.
Éviter les germes
La teneur en IgG et la densité du colostrum ne sont toutefois pas les seuls critères de qualité. Une faible charge bactérienne est également importante. Le colostrum devrait également contenir au maximum 80’000 germes/ml ou 10’000 germes coliformes/ml. Directement issu d’une mamelle (propre), le lait est généralement sans risques (environ 1’000 germes/ml). Mais il est très souvent contaminé dans les pots de traite ou dans les seaux de transport, car dans de nombreuses exploitations, ceux-ci ne sont pas nettoyés à fond. La charge en germes se chiffre alors en millions. Dans le colostrum non réfrigéré, la teneur en germes double toutes les 20 minutes et dépasse ainsi toutes les valeurs limites.
Nettoyer avec du liquide vaisselle
Si du colostrum fortement contaminé est donné à un veau nouveau-né non protégé, son système immunitaire est massivement affaibli avant même qu’il ne commence à fonctionner correctement. «Tout juste», dit Res, «ma boille à lait et mon seau à tétines sont peu ragoûtants quand on les regarde de près.» À l’avenir, il nettoiera proprement avec du liquide vaisselle tous les seaux, pots, boilles, biberons, etc. qui entrent en contact avec le colostrum après usage et ne se contentera pas de les rincer à l’eau. En outre, il achètera une boille séparée uniquement pour le colostrum, afin de protéger ses veaux des méchants agents pathogènes (provenant de mammites).
Exclure les dilutions
Le colostrum peut également être «contaminé» par de l’eau de rinçage. Dans certains cas, il a été rapporté que d’importants résidus d’eau se sont accumulés dans les conduites d’un système de traite automatique. Alors que cela n’avait guère d’importance dans le grand tank à lait, les quelques litres de colostrum s’en trouvaient fortement dilués. Lors de la recherche des erreurs commises dans l’exploitation comme chez Res, il convient donc de comparer la densité du lait provenant directement de la mamelle avec celle d’un échantillon prélevé dans un seau d’abreuvement, qui a subi l’ensemble du processus de collecte et de préparation.